Gerztenkorn

Gabriel Gersztenkorn est né le 3 mai 1929.

Il est le fils de Pejsach Gersztenkorn et de Myriam Katz, un couple de Juifs polonais qui ont émigré en France durant les années 1920. Son père était tricoteur à façons et ses parents possédaient un petit atelier rue de la Mare, dans le quartier ouvrier de Ménilmontant, où Gabriel grandit. 

Plus tard, la famille déménage pour s’installer rue François-Miron, dans le quartier du Marais. Élève brillant, Gabriel accède en septembre 1940 au collège Turgot, en section littéraire. Mais peu après la rentrée scolaire, à la suite de la mise en place de la politique antisémite du régime de Vichy, Gabriel Gersztenkorn et six autres enfants juifs de sa classe sont exclus de la section littéraire pour être réorientés de force dans la section commerciale.

Le 14 mai 1941, Pejsach Gersztenkorn, le père de Gabriel fait partie des premiers Juifs raflés de Paris. Convoqué à un rendez-vous au commissariat pour présenter ses papiers, il ne rentrera pas chez lui. Emprisonné au camp de Pithiviers, il mourra en déportation au camp d’extermination d’Auschwitz. Entre temps il aura pu, à l’occasion d’une permission, revoir sa famille et dire à sa femme « les enfants doivent partir, il faut les mettre à l’abris ».

Alors que Gabriel et sa jeune sœur Jeanne, ont cachés à Fontenay-sous-Bois au sein d’une famille d’antifascistes italiens, Henriette et François Lizzardi, le 16 juillet 1942, la maman, Myriam, échappe de justesse à la rafle du Vél’ d’Hiv’. La concierge de son immeuble était venu lui dire « il ne faut pas dormir ici ce soir ».

Le couple Lizzardi sera reconnu bien plus tard Juste parmi les Nations.

Gabriel, sa mère, sa sœur, ses deux tantes et son petit cousin rentrent alors dans la clandestinité. Ils passent secrètement la ligne de démarcation et commencent un périple à travers la zone libre, leur objectif est de se rendre à Romans-sur-Isère. C’est ainsi qu’ils seront amenés à séjourner sur le secteur d’Aiguebelette et seront aidés et cachés par la famille Lasherme.

Le père, Louis Lasherme est un résistant. Suite à ses activités menées dans le réseau Combat de Lyon, il est plusieurs fois inquiété par la gestapo et fera de la prison.

Il a été assigné à Aiguebelette-le-lac durant l’année 1942 et il rejoindra le maquis de l’Ain fin 1943, jusqu’à la libération. Il fera partie des premières forces résistantes et militaires françaises à libérer Villeurbanne, puis Lyon.

La femme de Louis Lasherme, Simone Garnier, s’occupait quant à elle, d’exploiter la ferme familiale avec son père à Lépin-le-lac.

C’est dans cette ferme que Simone Garnier a caché plusieurs juifs dont Gabriel Gerszterkorn (qui avait alors 15 ans) et sa sœur Jeannette (qui avait 12 ans). Les enfant furent ainsi protégés pendant toute une année, avant qu’ils partent à Romans sur Isère rejoindre leur mère et leurs cousins réfugiés chez Madeleine Giraudier, une directrice d’Ecole  à la retraite.

Photo Henriette Lizzardi avec sa protégée, de Jeannette Gerszternkon.( Henriette et François sont des Justes parmi les Nations)

Après la guerre Gabriel Gersztenkorn devient un acteur, réalisateur et metteur en scène  de théâtre, sous le pseudonyme de Gabriel Garran (d’après sa page Wikipédia). Il a notamment fondé le théâtre de la commune à Aubervilliers, en région Parisienne.

Il racontera plus tard son histoire dans un roman autobiographique intitulé « Géographie française – Un enfant sous l’occupation » (Editions Flammarion).

Il vit toujours, et habite à Paris.

Le 11 février 2014, il est l’invité de Frédéric Mitterrand sur France Inter, à l’occasion de la parution de son récit autobiographique.